C’est l’auteure des deux infographies que vous trouverez ci-dessous, Anna Vital, « Information Designer and Infographic Author » qui a inspiré la réflexion de ce billet de blog. Elle a mis en image une nouvelle tendance qui pourrait s’installer dans notre pays : la disparition progressive du contrat de travail de type CDI.
« Vous avez la déduction facile », me direz-vous ! Peut-être, mais peut-être pas… Lisez ce qui suit pour confirmer ou infirmer la validité, à vos yeux, de mon intuition (et discutons-en sur la base de vos commentaires).
Rappelons en préambule la définition du CDI
Pourquoi diantre, le CDI serait-il amené à disparaître ?
Le constat
Dans son numéro de Juillet 2014, la DARES constate entre 2000 et 2012, une forte hausse des embauches en contrats temporaires, mais une stabilisation de la part des CDI dans l’emploi.
Cependant, une étude de l’INSEE a décrypté le marché du travail sur un peu plus de 30 ans : boom des contrats temporaires, régression du nombre de CDI. Deux chiffres l’illustrent parfaitement : en 1982, après un an de travail, 50% des salariés décrochaient un CDI. Seulement 5% en 2011. (Source : En 30 ans, le fossé entre CDI et contrat précaire s’est creusé http://ow.ly/JDhHP).
L’examen des statistiques publiées par l’INSEE (présentées sous la forme de ces graphiques ci-dessous) nous apprend que la part en % des contrats à durée indéterminée :
pour les 25-49 ans, atteint presque en 2012 son niveau le plus bas (79,6% contre 79,5% en 1997). Quoiqu’il en soit, la tendance est globalement à la baisse entre 2004 et 2012 (à l’exception des années 2006, 2007, 2008 et 2009 au cours desquelles le taux d’emploi en CDI est remonté de 0,8%). Cf. graphique 1 ci-dessous.
pour les 15 ans et plus, est au plus bas en 1988. Cf. graphique 2 ci-dessous.
pour les 15-24 ans, décroit depuis 1982 et n’a jamais été aussi bas (47,3%). Cf. graphique 3 ci-dessous.
pour les 50 ans, et plus augmente depuis 1984 et n’a jamais été aussi élevé en 2009 et en 2012 (78,2%). Cf. graphique 4 ci-dessous.
L’on peut en conclure que c’est le taux d’emploi en CDI des seniors qui contribue à contenir la tendance générale à la baisse du nombre de contrats à durée indéterminée de toutes les tranches d’âge (Cf. graphique 2 ci-dessous : 15 ans et plus).
Insee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 15-24 ans http://ow.ly/JDixzInsee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 15 ans et plus http://ow.ly/JDpwnInsee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 15-24 ans http://ow.ly/JDixzInsee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 50 ans et plus http://ow.ly/JDpDF
Parallèlement à la hausse du chômage et à la stagnation du nombre de CDI conclus, nous assistons à une augmentation progressive significative du nombre d’unités légales en activité. Celles-ci ont atteint le nombre 3 752 544 au 1er janvier 2013 (Source : Insee – Entreprises – Unités légales selon le nombre de salariés et l’activité en 2013 http://ow.ly/JzeIY). Il se trouve qu’à cette date, 94,6% d’unités légales comptabilisaient un effectif de 0 à 9 salariés, dont 26,2% comptabilisaient un effectif compris entre 1 et 9 salariés.
Oui, mais parmi les possesseurs d’unités légales comptabilisant 0 salarié dans leurs effectifs (crées par des auto-entrepreneurs par exemple), certains peuvent également être employés en CDI (à temps complet ou partiel) au sein d’une autre unité légale, me répondrez-vous. Vous avez raison ! Une proportion inconnue de ces travailleurs peut effectivement cumuler les 2 situations. Selon cette communication de l’INSEE, « 36 % des auto-entrepreneurs ont une autre activité rémunérée ». Sachant qu’il est impossible de connaitre le pourcentage des auto-entrepreneurs dans le nombre total d’unités légales employant 0 salarié (soit 2 566 907 au 01/01/2013), nous pouvons simplement en déduire que 100% d’auto-entrepreneurs dans cette catégorie correspondrait à 924 086 unités légales, soit un maximum de 24,6% de personnes qui seraient simultanément auto-entrepreneuses et en possession d’un CDI. Cette hypothèse exclut de fait les professions libérales, les gérants non salariés de SARL et les présidents non rémunérés de SAS, par exemple. Autant vous dire que votre argument ne tient pas trop !
Pour ce qui me concerne, j’attends avec impatience à la date de la publication de ce billet (fin février 2015) que l’INSEE communique les données au 01/01/2014) pour acquérir la certitude que le nombre d’enregistrements dans le répertoireSIRENE poursuivra sa hausse.
Selon Vincent Berthelot, les RH doivent d’ailleurs « faire leur marketing (interne et externe) » pour attirer et fidéliser les salariés et ce, d’autant plus que les entreprises peinent à recruter et/ou à limiter leur turn-over :
Par ailleurs, au Royaume-Uni, le nombre de situations d’auto-emploi n’a jamais été aussi élevé en 2014 que depuis 40 ans (Source : Self-employed workers in the UK – 2014 http://ow.ly/JAZdL)
Enfin, depuis sa création, le dispositif de rupture conventionnelle connait un engouement certain :
Source : Le Monde
1 700 000 salariés ont bénéficié de la rupture conventionnelle de leur contrat de #travail depuis la création de celle-ci
Le recours aux consultants, free-lance, auto-entrepreneurs, entreprises partenaires… présente l’avantage pour l’entreprise d’une plus grande flexibilité et peut aussi représenter un coût moindre par rapport à celui d’un salaire chargé (à temps complet ou même à temps partiel).
Proposer un CDI représente, dans un contexte économique incertain, un risque supérieur à celui du passé et, superflu si l’on pressent que ce n’est peut-être plus le mode de contractualisation prioritairement attendu par les potentiels bénéficiaires recherchés.
Du côté des salariés :
De plus en plus de Français pourraient être :
davantage attirés par l’envie de devenir leur propre patron que par celle d’offrir leur « labeur » à un employeur, surtout si celui-ci est jugé :
insuffisamment reconnaissant, gratifiant, légitime, voire, apte à offrir un emploi doté de sens dans la durée,
ou encore insuffisamment apte à garantir le bien-être et/ou l’épanouissement au travail.
et en conséquence, davantage attirés par la création d’entreprise que par la recherche d’un CDI :
les salariés qui connaissent une rupture conventionnelle parce que les dispositifs proposés par Pôle Emploi sont de plus en plus nombreux et facilement accessibles,
les jeunes, parce que décrocher s’avère chaque année de plus en plus difficile.
Du côté culturel et conjoncturel de l’emploi et des conditions de travail
Pour ce qui concerne certaines professions, les Technologies de l’Information et de la Communication ont contribué à l’élargissement de la palette des formes possibles de travail et les conditions d’exercice de celui-ci ont significativement évolué grâce à des outils plus rapides, plus performants, plus connectés, plus collaboratifs.
La notion d’espace temps a été complètement revue ; l’on aspire à travailler et à se distraire quand on le veut, où on le veut, avec les outils que l’on possède et, en compagnie des personnes que l’on a choisies. La notion d’horaires et de temps plein a de moins en moins de sens pour l’exercice de nombreux métiers. Le monde qui nous entoure se modifie si vite que le concept même de durée indéterminée perd lui aussi, son sens.
Les attentes vis-à-vis des managers se sont également modifiées ; s’affranchir de la dépendance à un chef n’a jamais été aussi facile dans un contexte où l’information, les personnes et les ressources qui nous sont utiles sont désormais hautement accessibles. La vérification de la crédibilité et de la légitimité d’une personne dont on dépend peut s’effectue en quelques clics et secondes.
En robotisant certains métiers, les entreprises se réorganisent, minimisent le recours au CDI pour certaines professions et le proposent pour des métiers qui peuvent connaitre une pénurie de main d’oeuvre.
Cadre dès mon premier emploi, j’ai créé mon entreprise en août 2011 pour les raisons suivantes :
je ne m’épanouissais plus dans un travail (dont les horaires étaient 9h – 19h30/20h) avec un temps de trajet de 1,5h en moyenne par jour, sans possibilité de télétravailler,
je ne supportais plus de dépendre d’un chef qui bien souvent décidait à ma place ce que je devais faire dans l’intérêt de notre entreprise et, sans me demander si j’étais du même avis que lui,
je n’appréciais plus que certains m’apprennent mon métier alors même qu’ils m’avaient recrutée pour l’exercer et qu’eux mêmes en occupaient un autre,
en tant que femme et diplômée de l’université, j’ai fait l’objet à plusieurs reprises de pratiques discriminatoires,
je me lasse vite des missions routinières et j’ai perpétuellement besoin d’apprendre et d’évoluer pour continuer à m’épanouir,
je ne souhaitais plus gaspiller mon énergie à évoluer dans des environnements politiques où certain(e)s passaient plus de temps à tenter de sauver leur place et leur CDI qu’à travailler,
je n’avais plus envie d’entendre des injonctions paradoxales,
j’ai été élevée avec ces adages « Quand on veut, on peut !« , « La liberté a un prix« , « On n’est jamais si bien servi que par soi-même« .
Aujourd’hui, je suis ma/mon propre salarié(e) à temps partiel en CDI de ma propre entreprise. Concrètement, j’ai créé mon emploi et, dans les conditions que je souhaitais pour moi. Je me rémunère à la hauteur de la valeur créée par mon travail et, mon bien-être dépend désormais, non plus d’un chef, mais des clients qui choisissent de travailler avec moi. L’on se coopte et lorsque l’on se lasse, nous cessons de collaborer, avec ou sans préavis.
J’ai du mal à concevoir qu’un jour je pourrais signer un signer un CDI avec quelqu’un d’autre que moi.
Mon cas est peut-être une exception mais le restera-t-il ? Qu’en pensez- vous ?
En 30 ans, le fossé entre CDI et contrat précaire s’est creusé http://ow.ly/JDhHP
Insee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 15-24 ans http://ow.ly/JDixz
Insee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 50 ans et plus http://ow.ly/JDpDF
Insee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 25-49 ans http://ow.ly/JDpJP
Insee – Bases de données – BDM – Emploi au sens du BIT (moyenne annuelle) : part de contrats à durée indéterminée pour l’ensemble des 15 ans et plus http://ow.ly/JDpwn
Insee – Entreprises – Créateurs d’entreprises : avec l’auto-entreprenariat, de nouveaux profils http://ow.ly/JDkpm
Many people want to work for themselves (Source : Self-employment in UK at highest level since records began : http://ow.ly/Cn3k7)
À propos Philippe Donnart
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