Article mis à jour le 08/09/2017
Après s’être initialement instillée dans de nouveaux modes de vie des individus, la transformation numérique est désormais au cœur des enjeux d’une (r)évolution profonde qui s’opère au sein des entreprises et des organisations.
Les nouvelles expériences liées au phénomène digital ont notamment trait :
- à l’explosion des objets connectés (dont les ancêtres sont les smartphones et autres appareils mobiles devenus les icônes de la deuxième décennie du 21ème siècle),
- au recours privilégié à la dématérialisation des documents et des processus de gestion,
- à la démocratisation des technologies des médias sociaux,
- à la maturation des usages faits des RSN (Réseaux Sociaux Numériques) de contact et de contenu,
- à l’émergence de nouveaux besoins en matière d’expérience des utilisateurs. Aujourd’hui, l’expérience utilisateur semble être le graal des designers et des entrepreneurs d’un nouveau monde qui se créé dans les confins de la transformation numérique.
Selon une étude réalisée par le Gartner [1], l’une des 3 grandes tendances technologiques émergentes de 2017 est l’Intelligence Artificielle (Artificial intelligence (AI) everywhere). Le Gartner prédit le délai d’atteinte du plateau de productivité en nombre d’années pour chacune des composantes de celle-ci.
Le saviez-vous ?
Tandis que le terme robot est apparu en 1920, voici la formulation originale, en 1942, des trois lois de la robotique d’Isaac Asimov et de John Campbell [6] :
- loi numéro 1 : un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ;
- loi numéro 2 : un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;
- loi numéro 3 : un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.
L’année 1961 a vu naître le 1er robot industriel doté d’un bras articulé capable de manipuler de lourdes pièces de métal [9].
1969 est l’année de naissance de Shakey, le 1er robot contrôlé par ordinateur.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour découvrir les dates clés d’un siècle d’intelligence artificielle :
Roboéthique
François Geuze [4] considère que « l’abus de technologie abime les relations et interactions sociales » et nous enjoint à faire « attention de ne pas tomber dans l’illusion informatique une nouvelle fois et, à lutter contre le risque de gadgétisation de la fonction RH ». Il nous invite à réfléchir à l’absurdité d’une situation qui ferait que des BOTs collaborateurs ou candidats répondraient aux BOTs RH ou recruteurs.
Après tout, l’Intelligence Artificielle n’est pas l’intelligence globale des situations !
Ce n’est pas parce qu’un automate virtuel sonde l’humeur et le niveau d’engagement des salariés que les professionnels RH se trouvent dispensés de garantir des conditions de travail propices à la meilleure exécution possible du travail ! Quels sont les objectifs poursuivis par le fait de recourir à un robot pour recruter, motiver, sonder, etc. ?
L’intelligence artificielle et « l’Homme augmenté » posent des questions d’ordre éthiques et juridiques.
Rappelons la définition du terme éthique [5] :
Du mot grec ethos, l’éthique a trait au comportement et aux caractéristiques d’un individu et à sa manière d’être vis-à-vis de ses règles morales, dont certaines peuvent être érigées en loi. L’éthique peut se définir comme l’ensemble des valeurs fondamentales à partir desquelles les individus interagissent dans le respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux. L’univers numérique n’étant qu’interaction, les questions éthiques et de morale y sont prégnantes.
Inventé par Gianmarco Veruggio en 2002, la roboéthique est une éthique centrée sur l’humain, qui doit respecter les principes listés ici [10].
L’éthique du code
Telle une « incantation partant d’un bon sentiment », SAGE a récemment publié « L’éthique du code » [2], document dans lequel les 5 grands principes ci-dessous sont détaillés :
1. L’IA doit refléter la diversité de ses utilisateurs
L’industrie et les communautés doivent mettre au point des mécanismes permettant de filtrer efficacement les préjugés et les sentiments négatifs au sein des données utilisées pour l’apprentissage de l’IA. L’objectif est de faire en sorte que l’IA ne reproduise pas de stéréotypes.
2. L’IA, tout comme ses utilisateurs, doit être responsabilisée
Les utilisateurs établissent une relation avec l’IA et lui font confiance après seulement quelques interactions probantes. Or, la confiance implique des responsabilités, et l’IA doit rendre compte de ses actes et décisions, au même titre que les humains. La technologie, aussi intelligente soit-elle, ne doit pas se soustraire à ses responsabilités. Nous n’admettons pas ce type de comportements de la part des autres professions dites « expertes », alors pourquoi la technologie ferait-elle exception ?
3. L’IA doit être récompensée pour ses bons résultats
Si l’apprentissage des systèmes d’intelligence artificielle se construit à partir de mauvais exemples, alors cela peut avoir des conséquences socialement inacceptables. N’oublions pas qu’actuellement, la majorité des solutions d’IA n’ont pas conscience de ce qu’elles disent. Seul un apprentissage reposant sur une grande diversité de sources de données permettra de résoudre le problème.
L’une des approches possibles consiste à développer un système d’apprentissage de l’IA basé sur la récompense. Attention toutefois : les méthodes d’apprentissage par renforcement doivent non seulement déterminer ce que l’IA ou les robots doivent faire pour parvenir à un résultat donné, mais aussi s’assurer que ces actions s’alignent sur les valeurs humaines.
4. L’IA doit promouvoir l’égalité des chances
Les technologies vocales et les robots sociaux offrent de nouvelles solutions accessibles, en particulier aux personnes malvoyantes, dyslexiques et à mobilité réduite. Notre industrie doit accélérer le développement de nouvelles technologies pour promouvoir l’égalité des chances et élargir ainsi le vivier de talents au sein des entreprises.
5. L’IA se substituera aux humains, mais créera aussi de nouvelles opportunités
La robotisation des tâches générera de nouvelles opportunités auxquelles nous devons d’ores et déjà former les humains. En adoptant l’IA, les entreprises pourront se concentrer sur ce qu’elles font le mieux : développer le relationnel et prendre soin de leur clientèle.
Conclusion (provisoire)
En dépit des scénarios de film les plus créatifs, l’IA est encore aujourd’hui très dépendante du facteur humain (dans les secteurs industriels, commerciaux et médicaux) en ce sens que c’est l’Homme qui conçoit et programme une machine en lui posant une question à laquelle elle doit répondre, voire en lui confiant une mission qu’elle doit accomplir.
L’IA est certainement promise à un avenir certain dans le secteur de la médecine (dans la lignée du membre bionique par exemple) tout comme dans le secteur du travail et du quotidien (réalisation de tâches pénibles, dangereuses, trop répétitives ou ménagères et, limitation des erreurs de logique ou de calcul).
En dépit du coût actuellement élevé des recherches réalisées pour faire progresser l’IA, espérons que les budgets qui seront consacrés à cet objectif seront employés à créer un nouvel emploi pour chaque emploi qui sera retiré aux Hommes au profit des robots.
Dans tous les cas, il serait rassurant que les progrès de l’IA :
- soient encadrés de sorte à ce que les robots soient en activité toujours au service de l’Homme, de la morale et de la conscience de celui-ci,
- voient les risques d’erreur de programmation neutralisés,
- soient soumis au nécessaire respect des principes éthiques et juridiques notamment évoqués dans les sources 2, 3, 5 et 10.
Sources et pour aller plus loin :
- Cycle d’émergence des 3 grandes tendances technologiques de 2017 selon Gartner http://ow.ly/6qra30eUINE
- The Ethics of Code: Developing AI for Business with Five Core Principles http://ow.ly/9JMs30eUMlx
- Ethique, droit, RH et numérique http://ow.ly/YGNG30eUOQq
- Non à la gadgétisation de la fonction RH ! Un « BOT » ça va, trois, bonjour les dégâts… par François Geuze http://ow.ly/Ht2j30eOOG2
- “Éthique, morale, déontologie, droit” – EthicPedia
- Les trois lois de la robotique d’Isaac Asimov et de John Campbell http://ow.ly/gP6p30eUPr8
- Infographie Tendances 2017 : RH – Communication – Marketing – Digital http://ow.ly/6oCK30eUWIw
- «Bots», voici le temps des robots imposteurs – Le Temps http://ow.ly/NEgq30eUYLp
- Entre science et fiction, un siècle d’intelligence artificielle – L’actu Médias / Net – Télérama.fr http://ow.ly/6nGf30eUZU4
- Roboéthique — Wikipédia http://ow.ly/wDA130eV1Hi
- Les RH Hackent le digital – l’IA http://ow.ly/O7uD30f0c1z par François Geuze sur e-RH.com