
Dans cet article nous allons vous présenter un phénomène qui touche de plus en plus d’entreprises : la supervision abusive.
Aux Etats-Unis, 13,6 % des travailleurs sont victimes des conséquences d’une supervision abusive (Tepper et coll., 2006). En France, cette terminologie est très peu employée. En effet, on lui préfère l’expression juridique de « harcèlement moral ». Selon Tepper et ses collaborateurs : « La supervision abusive est une forme de harcèlement qui conduit à la détresse psychologique. » (Source 1)
La supervision abusive à également d’autres appellations : la petite tyrannie, la victimisation, la médisance et les agressions du superviseur.
Quelques définitions :
Qu’est-ce que la supervision :
« Une activité dans laquelle un gestionnaire, par la position hiérarchique qu’il occupe, distribue aux employés le travail à accomplir, coordonne les tâches, adopte les mesures nécessaires afin que le travail soit exécuté efficacement, guide les employés pour qu’ils atteignent les objectifs fixés et évalue périodiquement, de façon formelle ou informelle, le rendement des employés. » (Lamaute 2004)
Qu’est-ce que la supervision abusive :
« Toutes actions non physiques telles que les sauts d’humeurs, la médisance publique, le fait de s’approprier les idées des autres ou de rendre le subordonné responsable des fautes qu’il n’a pas commises. » (Tepper, 2007)
La supervision abusive est liée à un déséquilibre entre superviseur-subordonné.
La supervision abusive correspond à la perception subjective qu’a le subordonné des comportements de son/ses superviseur(s).
Elle se manifeste de différentes façons :
- par le regard,
- par l’expression du visage,
- ou par la posture du corps.
Mais aussi :
- sous forme d’humiliation,
- par l’utilisation de noms péjoratifs,
- par le recours à des cris,
- par une volonté de blesser / vexer son collaborateur,
- ou encore, par le fait d’ignorer celui-ci (par exemple, en refusant de lui confier des missions, en le mettant de côté…)
Pour qualifier une supervision d’abusive, il faut que ces comportements hostiles soient fréquents et répétés sur une longue période.
La supervision abusive engendre de moins bonnes relations au travail ainsi qu’un climat hostile. Elle peut avoir des conséquences au niveau individuel, relationnel mais aussi organisationnel.

Que dit la loi ?
En France, selon la loi du 17 janvier 2012 :
« Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. » (Source 5)
Par ailleurs, l’article 222-33-2 du code pénal réprime comme suit, le harcèlement :
« Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.»
Les conséquences :
- Individuelles
- Relationnelles
- Conflits travail-famille : déplacement de l’agression sur la famille, interactions négatives, etc.
- Mauvaise communication entre subordonné-superviseur.
- Déplacement des comportements agressifs : l’agressivité reçue par le subordonné peut être déplacée sur une cible « innocente » ou encore sur ses collaborateurs.
- Baisse d’engagement organisationnel : l’attachement et l’identification à l’organisation diminue,
- Dégâts matériels.
- Organisationnelles
- Retards.
- Absentéisme.
- Non-respect des règles organisationnelles.
- Baisse de la productivité au travail.
- Incivilité (impolitesse, manque de respect, etc.).
- Vols de matériel.
- Turnover.
- Baisse de motivation au travail.
(Source 1).