Article mis à jour le 16/04/2014
1. Pouvez-vous vous présenter votre parcours, activités et entreprise ?
J’exerce le métier d’avocate depuis 2006. Originaire de la banlieue parisienne, j’ai étudié le droit à la Faculté de droit de Sceaux et j’ai prêté serment à la Cour d’Appel de Paris avant de venir m’installer en région Poitou Charentes fin 2007.
J’ai eu un parcours assez classique. J’ai débuté comme avocate collaboratrice puis je me suis associée dans un Cabinet d’avocats avant de décider de créer mon propre Cabinet en 2010.
Mon projet de création d’entreprise s’est inscrit en plein milieu de la réforme de la carte judiciaire qui a supprimé un certain nombre de tribunaux. J’ai ainsi souhaité créer un cabinet « de proximité’ afin de favoriser un accès au droit en milieu semi rural. Un vrai pari!
2. Pour quelles raisons avoir souhaité exercer le métier d’avocate ?
J’ai découvert le métier d’avocat lorsque j’étais enfant, par le biais de la télévision. Ce métier m’a fascinée. Et comme beaucoup, j’avais de beaux idéaux sur cette profession, sur le droit et la justice; mais j’ai très vite déchanté…
3. Qu’évoque pour vous la question de l’égalité des sexes ?
Je retiens forcément le mot égalité. Le deuxième terme de notre devise nationale. Pour moi, l’égalité est en mouvement, en perpétuelle construction.
L’égalité des sexes me parle d’autant plus au niveau professionnel que j’ai rejoins un corps de métier qui s’est beaucoup féminisé. Au CRFPA de Versailles (Centre de formation professionnelle des Avocats) les filles étaient déjà majoritaires.
Mais, elles sont encore trop peu nombreuses à être associées dans les plus grands cabinets et sont en grand nombre comme moi, a exercer en Cabinet individuel.
C’est un constat…
4. Que dire de la façon dont se passent les études et les premières années d’exercice de la fonction d’avocate par les jeunes diplômées ?
Lorsque nous étions au CRFPA, le Directeur nous a prévenu: » Un avocat sur deux quitte la profession dans les deux premières années d’exercice. »
J’ai effectivement pu constater que nombre de mes Consœurs et amies, ont quitté le métier au cours de cette fameuse période de deux ans. Pour la plupart, après leur grossesse. Comme par hasard…
J’ai aussi pu constater qu’il est compliqué de parler des difficultés inhérentes au métier. Comme tout jeune professionnel, sorti de l’école, l’expérience est à faire et la pratique des premières années se révèle être des plus complexes…
Le métier est passionnant, prenant, mais aussi très exigeant. La pression est forte sur nos épaules de jeunes professionnelles. Heureusement qu’il existe une réelle solidarité entre jeunes confrères, qui aide à passer ce cap des deux années. Personnellement, c’est ce qui m’a aidée et qui m’aide encore!
5. Ressentez-vous dans le cadre de l’exercice de vos fonctions une différence d’attitude de la part de vos confrères masculins ?
Non pas particulièrement.
Cependant, je ressens que, comme partout, une femme doit parfois « faire ses preuves »… Ce n’est pas normal et c’est usant. C’est en cela qu’il n’y a pas d’égalité des sexes effective.
6. Avez-vous une anecdote ou un coup de gueule à partager en matière d’égalité H/F ?
Je n’ai pas eu à le vivre, car j’ai crée mon Cabinet avant, mais je suis touchée par ce qu’ont vécu mes Consœurs et amies au cours de leur première grossesse. Je dis « première » car leur seconde grossesse, elles l’ont vécu en n’exerçant plus le métier d’avocate…
C’est un sujet suffisamment sensible et grave pour que cela suscite des réactions et fasse l’objet d’une véritable réflexion au sein de la profession. Un article écrit sur le blog « women tomorrow » en janvier 2012, reprend ce constat dans un article au titre évocateur: « Pourquoi les avocates veulent raccrocher leur robe? »
Le constat est posé, des solutions sont proposées, des associations sont crées. On avance!
7. Selon vous quels seraient les axes d’amélioration possibles pour que l’égalité soit respectée d’une façon générale et pas seulement pour le métier que vous exercez ?
Pour moi, l’axe fondamental est l’exemplarité! En effet, à force de voir des femmes occuper des postes à responsabilités, dans différents domaines d’activités; les mentalités pourraient commencer à évoluer.
Il faudrait également mettre en lumière les parcours de « femmes ordinaires qui mènent une vie extraordinaire » et il y en a bien plus qu’on ne l’imagine!
Nous sommes sur ce chemin, il ne faut surtout pas s’arrêter mais accélérer le mouvement!
8. Avez-vous des conseils à prodiguer aux femmes qui souhaiteront comme vous exercer la profession d’avocat ?
Il ne faut pas se faire d’illusions sur ce métier. Il est difficile, mais très beau.
Son exercice professionnel est à réinventer pour s’adapter à l’évolution de notre société.
D’ailleurs, on peut être « Avocate 2.0 » tout en en gardant à l’esprit les principes qui guidaient Saint Yves Helory de Kermartin, le patron des Avocats : « Exercer le droit et la justice avec la plus grande équité possible, même en des temps difficiles. »
Merci Cécile Cantin-Duport d’avoir bien voulu répondre à cette interview !
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