Article mis à jour le 08/07/2014
Nous nous surprenons à aimer le fait de détester la contradiction. Dans cette publicité de 2009, l’homme paraît fier de son projet « zéro CO2 » dont il nous vante les mérites. Dès lors qu’il est contredit, ce dernier tombe dans le déni. Il est d’ailleurs prêt à remettre en cause le fonctionnement de notre métabolisme, tant son projet s’écroule.
Et si nous avancions lentement vers un monde où l’on ne peut se contredire ? De sorte que dès lors que la volonté a trop vite parlé, il semble d’actualité de tomber dans le sophisme. Je refuse d’avouer que je me suis trompé car cette demande de rédemption est interprétée comme une faiblesse incarnée par les autochtones du XXIe siècle.
A-t-on encore le droit à l’erreur et tout particulièrement dans l’entreprise ? Quel mal y’a-t-il à reconnaître ses torts pour éviter un mal à venir ? Au fond, « c’est aux autres que revient la faute » : si seulement ils étaient capables de me pardonner ! Mais en somme, la faute est mienne également en ce que je serai plus intransigeant encore avec celui qui s’est trompé. Il est une société à laquelle nous appartenons où la seconde chance n’existe pas, ou peu.
Rompons donc avec cette logique et admettons enfin que la véritable intelligence réside dans la présence d’esprit de déterminer lorsque je me suis trop avancé et de saisir le moment opportun de faire machine arrière.
C’est ici que le droit intervient pour soutenir l’entreprise par exemple dans la deuxième chance. En étudiant de près les perspectives d’avenir pour les entreprises en difficulté il est possible de comprendre que nous avons abandonné un droit de la faillite, sorte de monstre de la culpabilisation pour un droit de la sauvegarde. En effet à l’origine, le débiteur ayant échoué (il est appelé failli) se voyait exclu du corps auquel il appartenait.Il semble qu’au fil du temps nous soyons passés de la répression à l’anticipation, ce qui est plutôt positif si on en croit l’efficacité de la loi de sauvegarde des entreprises (SADE) de 2005. Cette dernière a pour but de mieux appréhender les difficultés du débiteur dès qu’elles deviennent prévisibles et avant même qu’elles soient visibles dans la trésorerie.
Il existe plusieurs procédures de sauvegarde dont des procédures amiables telles que le mandat ad hoc (désignation d’un mandataire chargé de détecter quelles sont les difficultés) et la conciliation. Par ailleurs, il existe des procédures collectives telles que la sauvegarde, le redressement et enfin la liquidation. Je vous invite à approfondir chaque procédure sur le site de loi directement ou encore à l’aide du schéma ci-joint.
Notons qu’en 2012, on ne dénombre pas moins de 1408 sauvegardes, plus d’informations ici.
Il est possible de se rendre compte que le droit de la sauvegarde est efficace. Les origines du succès résident en la volonté de conserver une certaine continuité à la fois de l’emploi mais aussi de l’entreprise, qui est typiquement française. On dénombre de grands succès en 2006 tels qu’Eurotunnel ou encore Libération. Il faut par ailleurs noter que les banques savent malgré tout faire preuve de patience, de flexibilité et d’adaptabilité.
Cependant, le principal problème provient du fait que les procédures sont marquées d’un sceau juridique. En effet, l’économie a moins sa place dans la thématique du traitement des difficultés des entreprises que le droit.
Une bonne solution à mes yeux est le modèle de l’économie solidaire. Je crois fortement en le potentiel des Sociétés Coopératives (SCOP). En effet, elles ont un cœur démocratique. Les salariés sont maîtres à l’intérieur de l’entreprise puisqu’ils sont majoritaires en capitaux. Il y a un partage équitable du pourvoir, des risques, de l’information et du profit. De nombreuses entreprises ont pu poursuivre leur activité et se redéployer à l’issue d’un dépôt de bilan ou d’une liquidation judiciaire. Un exemple pourrait être celui en 2012 de l’entreprise de composants électroniques SET, qui s’est battu pour la sauver.
Et si nous abandonnions finalement la « faillibilité » au profit de la fiabilité, comme le suggérait Paul Ricoeur dans La Mémoire, l’Histoire, L’oubli (p. 595). Passons de l’homme coupable à l’homme capable.