Article mis à jour le 14/01/2016
Ce matin Valérie Andrade, Dirigeante et fondatrice de Sceaux smart, intervenait lors de la keynote n°1 du congrès #DigitalRH qui s’est déroulé à L’Elysées Biarritz, Champs Elysées, 75008 Paris.
Pour ceux qui n’auraient pas pu y participer, voici la présentation qui a été faite par les intervenantes de 9h à 10h, dans une salle comble :
- Valérie Andrade, Dirigeante et fondatrice, Sceaux Smart
- Christelle Letist, Experte RH, Go to Next Levels
- Julie Biard, DRH, AdeRHis
- Isabelle Michel-Magyar, Vice Président pour l’engagement et la diversité, Schneider Electric
- Introduction et animation par Caro B., Président de SpotPink, Psychosociologue clinicienne et psychothérapeute.
Congrès #DigitalRH 2015 – Keynote 1
Voici ci-dessous la retranscription de l’intervention de Valérie Andrade.
Quel est l’impact de la digitalisation sur les organisations et sur les modes d’exercice du travail ?
Le digital n’invente rien, il a simplement bousculé notre quotidien et, personne ne lui échappe, que l’on soit un individu (nos enfants les premiers), ou bien une organisation.
Tout est là disponible et prêt à l’usage, qu’il s’agisse d’équipements, de technologies ou d’usages…
Et pourtant, en l’état, ce n’est pas suffisant pour franchir le cap. C’est ce que nous allons en faire et, la manière dont nous allons le faire, qui fera la différence et constituera une innovation pour notre entreprise.
La complexité du franchissement de ce cap est que nous sommes dans une phase de transition.
Nous sommes en train de faire le deuil de l’entreprise d’hier et traversons cette longue et difficile phase neutre (comme cela est décrit dans l’excellent ouvrage « Managing transitions »), pour un nouveau départ, ou un nouveau genre d’entreprises plus transversales, plus coopératives et plus innovantes.
C’est un enjeu d’adaptation, facteur de croissance et, ce qui nous intéresse aussi aujourd’hui, facteur de lien social.
Il s’agit plus que jamais de mettre de l’humain dans cette transition numérique, de connecter les hommes et les connaissances au service d’une création de valeur unique à chaque entreprise. C’est l’opportunité de faire autrement, mieux et vite.
Tellement autrement, que cela bouscule fortement les codes, les statuts, les postures et cela implique de quitter une hiérarchie très fermée, centrée sur le statut et, de rompre avec la culture de l’individualisme.
Tellement mieux, que cela va devenir un véritable avantage compétitif, un gage de bien-être et de fidélisation.
Tellement vite, que si on ne prend pas le train en marche, si la satisfaction de nos cibles n’est pas immédiate, (on s’est habitué à l’instantanéité), l’on risque d’être dépassé, englué dans une posture traditionnelle voire ubérisée.
Qu’est-ce qu’un digital worker ?
Je vous présente Jean. En mai dernier, il a posté un billet de blog visant à partager la boite à outils d’un travailleur nomade de l’extrême.
Pendant 6 ans, il est passé de villes de villes, restant 6 mois à 1 an dans chacune d’entre-elles. Puis après cette expérimentation concluante, il est passé du cap du semi-sédentaire au nomadisme total avec un sac de 20 kilos, une vie sur les routes du monde et, une vie dans les hôtels. Sa boite à outils de travailleur nomade est constituée d’un modem, une batterie, un routeur, une boite de survie, des câbles, une valise et d’applications mobiles.
Notre digital worker est détaché de tout bien matériel, connecté et en adaptation et enrichissement permanents.
Potentiellement, nous le sommes tous, chacun à notre rythme.
Les innovateurs technophiles et les early-adopters décrits dans la courbe de Geoffrey Moore y vont simplement plus vite.
Ce travailleur digital, c’est déjà chacun d’entre nous. Nos smartphones et autres outils connectés maintiennent le lien avec l’entreprise et développent à la fois son rayonnement à l’extérieur. Si vous voulez en rencontrer en masse, je vous invite dès demain à vous rendre dans un espace de coworking. Les meilleurs d’entre-eux, présentent la particularité d’être des laboratoires du travail de demain, qu’il s’agisse des personnes mais surtout, de leurs pratiques. Potentiellement, nous sommes tous des travailleurs nomades, c’est une question d’expérience et de maturité !
Le rôle de la fonction RH à l’ère digitale auprès des managers, des salariés, de la direction ?
Cette question est intéressante car elle permet d’aborder le digital non pas, sous l’angle de la technologie, mais bien sous l’angle humain. Que peut-faire concrètement la fonction RH pour faire du digital un facteur de croissance et de lien social ?
- Accompagner la transformation des nouveaux usages comprenant le déploiement de solutions technologiques de type RSE et, contribuer à la réduction de la fracture numérique.
- Se mettre au service des métiers au travers de formations pour capitaliser et transmettre la connaissance.
- Créer des communautés de projets et déployer des techniques favorisant l’intelligence collective.
- Favoriser une communication plus ouverte et la coopération.
- Développer le travail à distance.
Pourquoi est-il temps d’agir auprès des salariés ?
Les salariés ont perdu leur motivation et la notion de sens de leur travail. Ils ont le sentiment de ne jamais sortir du mode urgence et, de travailler en mode ressources limitées.
> L’enjeu est donc de passer de l’objectif d’efficacité à celui d’innovation !
Pourquoi faut-il embarquer les managers ?
La hiérarchie et l’autoritarisme n’impressionnent plus. De nouveaux modes de managements se déploient, plus tournées vers le mode projet ainsi que le travail en équipe.
> L’enjeu est donc de développer des valeurs de collaboration, de co-créativité, d’ouverture, de bienveillance et d’authenticité
Pourquoi les dirigeants doivent être sponsor de l’initiative ?
Pour communiquer sur le contexte, partager les enjeux de l’entreprise et poser les bonnes questions à résoudre !
Pourquoi et comment proposer aux salariés de nouveaux modes de management au service du bien-être et de l’efficacité des salariés ?
Les technologies numériques permettent de gagner en efficacité, et plus encore, associées à la recherche d’idées neuves et au développement d’une culture participative, elles démultiplient nos capacités à innover et contribuent à redonner du sens au travail.
Leur déploiement, parce qu’il est spécifique à chaque entreprise, nécessite la mise en place d’une démarche d’accompagnement du changement. Les nouveaux modes de management ne sont pas seulement des managers, ils viennent aussi d’approches transverses qui mixent les profils ; ils peuvent également intégrer le recours à des prestataires externes. Leur déploiement est progressif et peut s’étaler sur plusieurs années.
Quelles sont les étapes d’un projet de transformation digitale ?
- Créer un sentiment d’urgence.
- Mettre en place en équipe de pilotage : allouer au projet des ressources dédiées. La réussite d’un projet numérique repose sur la collaboration de multiples compétences : ressources humaines, marketing, IT, juridique, communication et de management de projet. Finalement, cela revient à gérer une communauté de projet pluridisciplinaire.
- Partager une vision simple et claire.
- Communiquer la vision : avant, pendant et après le projet de manière globale et personnalisée. Quatre étapes majeures jalonnent le projet :
- Sensibilisation.
- Mobilisation.
- Incitation.
- Développement.
- Donner à chacun le pouvoir de mettre en œuvre la vision.
- Obtenir rapidement les premières victoires.
- Consolider et renforcer le processus de changement.
- Ancrer les changements dans la culture.
Quels sont les liens étroits entre l’ère digitale et l’intelligence collective ? ?
L’ère digitale est une obligation pour l’entreprise, recourir à l’intelligence collective permet le dépassement.
Les synergies créées par la collaboration font émerger des créations supérieures à celles d’individus isolés.
En plus de faire surgir des idées et des propositions, l’intelligence collective permet en outre :
- de travailler sur la recherche du sens,
- d’identifier des questions.
Le tout avec des méthodes permettant de travailler sur une conscience individuelle importante, en plus de la révéler une conscience collective. L’intelligence collective est la clé d’accélération de la convergence entre le digital et RH.
Réveillez les héros qui sommeillent dans votre entreprise !
Ne ratons pas le cap, ne laissons nos « broken heroes » s’endormir. A leur réveil, si vous leur réservez une place de véritable acteur, ils pourront vous surprendre.
Si ce n’est pas encore fait, commencez à identifier ces héros endormis qui ne demandent qu’à être réveillés, pour retrouver sens et créativité.
Conclusion
Pour qu’il y ait convergence entre Digital et RH, l’efficacité ne suffira pas.
C’est la co-création de valeur décuplée par une culture participative mêlant plaisir et bonheur au travail qui rendront ce challenge ambitieux, possible.
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Auteure de cet article :
Valérie Andrade est diplômée d’une école de commerce, spécialité Marketing Stratégique, renforcée par les CESA HEC, Direction Marketing, puis Stratégie de Communication et corporate réputation. Valérie a développé son expertise en matière de Paie, de Gestion du temps et des Ressources Humaines au sein d’un groupe international, leader sur son marché. Durant son parcours, elle a changé à trois reprises de métiers d’abord ingénieur commercial, elle a ensuite été responsable marketing puis, directeur marketing et communication. Passionnée par les ressources humaines et notamment par les usages qui viennent transformer la fonction, elle participe à différents travaux qui viennent progressivement moderniser le travail en entreprise et le quotidien des salariés. Twitter : @andrade_valerie
En savoir plus sur cette keynote.
Suivre le live-tweet #DigitalRH (Trending Topic France du 13/10/2015).