Burn out : de quoi s’agit-il et êtes-vous concerné(e) ?
Peut-être avez vous déjà vu certains de vos proches dépenser leur énergie au travail jusqu’à l’épuisement ? Peut-être même que cela vous est arrivé et que vous vous êtes sorti(e) d’un épisode qui vous a laissé la sensation d’une consumation intérieure de votre être ? Si oui, vous savez maintenant qu’une personne en état d’épuisement professionnel ne dispose plus d’aucune ressource à cause de sa fatigue. Au stade du « burn out » avéré, vivre normalement n’est plus possible sans une prise en charge médicamenteuse et psychologique adaptée complétées par du repos. En effet, dormir, se lever, s’alimenter, interagir, travailler, conduire, etc. sont des activités qui paraissent subitement irréalisables.
A une période de surinvestissement du travail et de réalisation consciencieuse de toutes les tâches professionnelles qui nous sont dévolues, peut succéder un état d’épuisement physique, émotionnel et intellectuel. Cet état, lié au contexte professionnel, est souvent consécutif au stress éprouvé au travail.
Le burn out, un état d’épuisement professionnel qui est psychique, émotionnel et mental et qui est lié à un surengagement dans le travail
Le psychologue américain Herbert Freudenberger a utilisé le premier en 1974 le terme de « burn out » comme métaphore pour décrire l’état de ses patients épuisés par leur travail et qui étaient comme brûlés de l’intérieur. Ils avaient expérimenté le syndrome de l’épuisement professionnel décrit dans son livre intitulé « L’épuisement professionnel: la brûlure interne » paru en 1987[1].
Le burn out est un état dépressif lié au milieu professionnel qui se caractérise par un état d’épuisement psychique, émotionnel et mental. Celui-ci touche aujourd’hui de plus en plus de personnes et 3,2 millions de français présentaient un risque élevé de burn out d’après le cabinet Technologia (en 2014).
« L’état des lieux quantitatif révèle dans un premier temps une combinaison de travail excessif et compulsif chez 12,6% des sondés, soit près de 3,2 millions d’actifs occupés si l’on extrapole le chiffre au périmètre national. Les segments de population les plus touchés sont les agriculteurs, les artisans commerçants, chefs d’entreprises et les cadres et professions intellectuelles supérieures.[…] Les agriculteurs exploitants sont plus fortement victime du phénomène, dans la lignée de leur surengagement dans le travail. Egalement, les ouvriers et les employés sont plus touchés, bien que n’ayant pas une caractéristique de surengagement plus forte que la moyenne ». [4, P32]
Ce syndrome de l’épuisement professionnel a été modélisé en 4 phases et 12 étapes :
Les 4 phases du burn out :
- L’alarme, manifestation du stress.
- La résistance, durant laquelle le métabolisme apprend à s’adapter aux sensations de stress.
- La rupture, marquée par la réapparition des réactions caractéristiques au stress de la phase d’alarme, mais avec des réactions d’habituation qui sont à ce stade inopérantes, et c’est ainsi que l’individu entre en phase 4.
- L’épuisement, en raison de l’impossibilité de mobiliser les défenses psychologiques et de la survenue d’une angoisse constante.
Les 12 étapes du burn out :
- Besoin de se prouver à soi-même amenant à une ambition excessive ;
- Travailler plus ;
- Négliger ses propres besoins ;
- Déplacer les conflits et les besoins ;
- Insuffisance de temps pour s’occuper des besoins non reliés au travail ;
- Déni du problème et rigidification de la pensée ;
- Retrait et cynisme ;
- Changement de comportement ;
- Dépersonnalisation, perte de contact avec soi-même et avec ses propres besoins ;
- Vide intérieur, anxiété et comportement addictif ;
- Impression grandissante de perte de sens et de perte d’intérêt ;
- Epuisement physique qui peut être mortel.
Le burn out peut être une conséquence du workaholisme ou travailolisme[3], termes utilisés pour qualifier le surengagement dans le travail. Et ce, d’autant plus que le soutien social ne serait pas suffisant dans les situations difficiles. Le soutien social ferait en effet office de facteur protecteur (ou d’élément probable de régulation du phénomène) selon le cabinet Technologia [4, P25], tout comme la congruence des valeurs personnelles des salariés et des décisions et pratiques constatées dans leur entreprise [4, P27].
Le Karoshi est reconnu comme maladie professionnelle au Japon
Au Japon où, le terme japonais Karoshi désigne la mort par surtravail, de nombreux travailleurs Japonais décèdent chaque année à cause de leur dépendance au travail. Ainsi, le workaholism est un phénomène particulièrement répandu dans les différentes CSP, et il existe 350 centres d’aide spécialement dédiés à cette pathologie. Cette dernière étant reconnue comme maladie professionnelle au Japon, la famille de la victime peut demander un dédommagement de l’employeur, pour manque d’assistance à son employé dont le comportement était autodestructeur.
En 2016, un rapport gouvernemental indique que 21,3 % des employés japonais travaillent 49 heures ou plus par semaine en moyenne, contre 16,4 % aux États-Unis, 12,5 % en Grande-Bretagne et 10,4 % en France.
#Testmyburnout, une campagne nationale de sensibilisation au burn out pour une étude scientifique à l’initiative de Moodwork
Afin de sensibiliser et de collecter des informations sur le burn out, la start up Moodwork a décidé de lancer une grande campagne au niveau national. Celle-ci s’articule autour d’un questionnaire disponible sur testmyburnout.com permettant à chacun d’évaluer son propre risque de burn out. L’objectif est également de fournir, de façon complètement anonyme, des données qui permettront de faire avancer la recherche scientifique sur le sujet.
Si vous êtes sensibles à la thématique, SpotPink partenaire de Moodwork [5], vous invite à participer à cette campagne nationale en renseignant le questionnaire d’étude accessible par ce lien : testmyburnout.com
Pour aller plus loin :
- [1] Freudenberger, H. (1987). L’épuisement professionnel: la brûlure interne. Québec, Gaëtan Morin.
- [2] Le burn out : historique, mesures et controverses – ScienceDirect http://ow.ly/pgjr30hxrHx
- [3] Workaholic – Bourreau de travail — Wikipédia http://ow.ly/EP4W30hzN3M
- [4] Etude clinique et organisationnelle permettant de définir et de quantifier le burn out Apports quantitatifs (Février 2014) – Technologia http://ow.ly/gP7530hAXQj
- [5] Un partenariat au service de l’audit du bien-être au travail http://ow.ly/nVzB30hAXTx