Article mis à jour le 27/08/2014
Interview d’Alexandra Gaudin, Directrice des Richesses Humaines, Agence Australie
Forte de 15 ans d’expérience dans les Ressources Humaines, Alexandra a accompagné plus d’une centaine de managers et de dirigeants dans leur démarche RH.
Sa particularité : passer d’une gestion rationnelle de la Ressource Humaine à celle d’une valorisation de la Richesse Humaine, en impliquant les salariés au quotidien sur les différents projets de l’entreprise.
Alexandra a expérimenté de nombreuses facettes du métier :
- Consultante RH chez Chorus Consultant (Cabinet de conseil en Ressources Humaines) et ADP (Leader mondial Ressources Humaines – 2000 salariés) ;
- Responsable Formation et Communication interne chez CWF (Leader Européen Textile Enfants – 1200 salariés) ;
- Consultante Experte RH à la CCI de Vendée.
En 2013, Alexandra Gaudin prend le poste de Directrice des Richesses Humaines au sein de l’agence Australie.
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Nous la remercions d’avoir accepté de répondre à nos questions et publions ci-dessous son interview par SpotPink.
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1. Vous avez créé et occupez depuis un an le poste de Directrice des Richesses Humaines chez Australie, pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé cette initiative ?
J’accompagnais l’agence Australie depuis presque un an, en tant que consultante RH, sur plusieurs sujets RH. Après différents échanges avec les managers et les membres du CODIR, la dimension RH a pris une place différente dans la culture de l’agence et, la direction a souhaité créer le poste de DRH.
J’ai pris celui-ci en septembre 2013, avec dès le départ, le souhait de le nommer « Direction des Richesses Humaines » et non des « Ressources Humaines » : je souhaitais en effet afficher, à travers ce nom, une dimension nouvelle des ressources humaines.
2. Qu’avez-vous pensé du clip D.R.H. d’Anaïs ? Que vous inspirent les paroles de ce clip ?
Je ne suis pas surprise de l’image que l’on peut avoir aujourd’hui de cette fonction : austère, peu à l’écoute, déconnectée, etc. Changeons-la ! A commencer par les formations RH dispensées en faculté et dans les écoles : il faut ouvrir les esprits, rendre les DRH curieux, présents, humains ! Il faut aussi se montrer, dire ce que l’on fait, car c’est un métier à la fois riche et très conséquent, qui touche de nombreux domaines : on doit jongler avec le juridique, le social, les relations humaines, les chiffres… C’est ce qui en fait aussi son intérêt : impossible de s’ennuyer ! Alors ne donnons pas une image de quelqu’un qui s’ennuie, de quelqu’un de « blasé » ! Nous avons de quoi être dynamiques et connectés !
3. Les salariés d’Australie ont-ils bien accueilli cette appellation ?
Le titre n’a pas tant fait parler que ça… il me semble ! Nous sommes dans une boîte de pub ! La créativité est de mise ! En revanche, j’ai eu connaissance de sobriquets associés à mon arrivée : la coupeuse de têtes, Léonne (la femme de Léon, le nettoyeur). Pour contrer ces « fanstasmes », et montrer que les informations arrivent vite aux oreilles, lors de la fête Halloween à l’agence, je me suis déguisée en coupeuse de têtes.
4. Quelle différence voyez-vous entre votre mission actuelle et celle d’une Directrice des Ressources Humaines ?
Ah, on y vient ! Chaque réponse précédente me donnait envie d’aller plus loin ! Je dirai un élément fondamental : la proximité. Je pense que c’est ce qui est parfois oublié dans la fonction.
Je ne peux passer une journée sans me rendre dans les étages pour tout échange ; je m’interdis le plus possible l’usage des emails. C’est LA grande différence : être près des salariés, avec eux. Les identifier comme des richesses et non comme des ressources. Et donc pour cela, il faut les connaître, les écouter, les rencontrer, s’intéresser à eux.
J’ai donc décidé pour renforcer cette proximité et de ne plus avoir de bureau. Je change tous les mois d’étage, pour être au cœur des Australiens. A chaque étage, je change de place régulièrement, je me déplace avec mon caisson mobile, participe par la présence à quelques « charrettes » le soir, je m’intéresse à ce que font les personnes en leur demandant sur quoi elles travaillent, en partageant avec elles.
J’ai très vite mis en place les fiches de poste et un référentiel de compétences pour les connaître : j’ai rencontré plus de 40 personnes en quelques mois. Je pousse cette proximité entre elles, c’est à dire que je mets des actions en place pour favoriser la (prise de) connaissance entre elles :
- le midi des métiers, présentant les métiers des uns et des autres de façon informelle,
- les formations à la prise de parole en intégrant la pédagogie du théâtre avec des groupes (35 personnes formées) totalement mélangés afin de se rencontrer, se connaître.
- Et voire même, dernièrement, la création de deux troupes de théâtre, autour du théâtre d’improvisation, que j’anime moi-même, et qui comprennent à ce jour 24 Australiens issus de tous les services.
L’écoute fait aussi la différence : les entretiens sur les fiches de poste m’ont permis de mieux comprendre les cœurs de métier, mais également de mesurer les difficultés éventuelles rencontrées. Dès novembre 2013, nous avons mis en place les entretiens annuels avec les managers, pour favoriser l’échange, l’écoute, la reconnaissance et aussi répondre à d’éventuels besoins et difficultés : formation, moyens, fonctionnement…
Un baromètre des Australiens (enquête interne) a permis aussi de récolter les impressions, les attentes de tous. Nous avons présenté les résultats et les managers eux-mêmes ont pris en main les actions à mettre en place pour répondre aux attentes.
Il y aurait encore beaucoup d’actions à citer ! Mais je vais m’arrêter là et je définirai donc la différence entre Ressources et Richesses avec ces mots : proximité, écoute, équité.
5. Quel est l’emploi du temps journalier type d’une Richesse telle que la votre ?
Plus de la moitié du temps est consacré aux relations humaines : beaucoup de disponibilité pour être à l’écoute des personnes, les conseiller, jouer le rôle de médiateur parfois, remotiver, encourager, accompagner les managers et les membres du CODIR dans leur quotidien. J’y intègre la partie recrutement, l’intégration des nouveaux qui ont un parcours d’intégration, un rapport d’étonnement. Ensuite, la journée se poursuit par le traitement des situations juridiques, et c’est du quotidien : l’égalité hommes-femmes, les obligations CE, le temps de travail, les risques psycho-sociaux, le CHSCT, les accords divers, la classification, le contrat génération.
Mais aussi, tout ce qui a trait aux reportings obligatoires (et il y en a !!) : masse salariale, indicateurs sociaux, formation… ainsi qu’à la recherche des formations, des organismes, la gestion des compétences, la politique de rémunération (si, si, c’est presque une question quotidienne la rémunération !!), la communication interne.
Le début ou la fin de journée, je les consacre au net : veille sur ce qui se fait, se dit, s’entend. Je tweete, je « linkedin »… !
6. Point de vue des intéressés. Le fait d’être considéré(e) comme une richesse et non plus comme une ressource a-t-il un impact sur votre motivation, façon de travailler et façon de concevoir votre rôle au sein de l’agence Australie ?
Manon Damelincourt, Directrice artistique depuis plus d’un an et demi, 26 ans :
« Je crois qu’à l’ère du tout jetable et remplaçable, le fait d’être considérée comme une « richesse » peut, à moyen terme, être une véritable source de motivation pour les salariés.
À son arrivée Alexandra a placé la barre très haut ; elle s’emploie depuis, avec détermination et vigueur, à faire se rencontrer les personnalités et les talents au sein de l’agence.
Si elle n’a pas d’impact direct sur ma façon de travailler, cette appellation me rappelle à l’Humain, à une évocation plus sensible de ma fonction que celle de « ressource ».
Si on me considère comme une richesse, je me recontextualise au sein de l’agence en tant que personnalité unique, précieuse et exploitable, dans le bon sens du terme ! ».
Delphine Abou, Chef de groupe Australie depuis plus 1 an et demi, 31 ans :
« J’aurais difficilement accepté qu’un(e) DRH peu impliqué(e) dans la vie de l’agence porte le titre de « directrice des richesses humaines », mais on sent chez Alexandra une véritable vocation, son titre n’est pas usurpé, elle le porte même très bien.
Ce titre ne veut donc rien dire s’il n’est pas accompagné d’une véritable mission, et lorsqu’elle est arrivée à l’agence, Alexandra nous a montré, par son attitude, son respect des valeurs et de l’humain, que productivité peut rimer avec enrichissement personnel.
Cette vision a clairement un impact sur ma façon de travailler, cela me donne envie de me dépasser pour donner le meilleur de moi et exploiter toutes mes capacités, afin d’être à la hauteur du soin que l’on m’apporte. ».
Flavie Simier, Chef de projet Australie depuis 3 mois, 25 ans :
« Le terme « richesse » permet de changer l’image perçue d’une « ressource » : notre DRH paraît plus accessible, plus à l’écoute, plus déterminée à faire vivre et évoluer les employés. Ce changement permet d’installer une certaine proximité entre nous et d’induire à mon sens la valeur du partage et de l’échange ; ce qui se traduit par des échanges moins rigides et une accessibilité plus simple.
Ne pas être considérés comme une ressource est beaucoup plus stimulant au quotidien. Nous sommes évalués sur notre travail mais aussi sur ce que nos personnalités peuvent apporter à l’agence, c’est beaucoup plus motivant pour s’investir dans la vie de l’agence ».
Delphine Richard, Manager et Directrice Conseil depuis 9 ans, 41 ans :
« De caractère plutôt empathique, le fait d’être considérée à titre individuel, et non pas seulement pour ma fonction, a forcément un impact positif, même si il y a encore je pense quelques progrès possibles… L’impact n’est pas encore palpable me concernant au regard de ma hiérarchie. En revanche, il l’est je pense dans la constitution et le fonctionnement de mon équipe, où chaque personne est considérée pour ses capacités professionnelles mais aussi pour sa personnalité. Chaque personne a un rôle à jouer dans la mission qui nous est allouée mais aussi dans le fonctionnement de l’équipe ; et ce rôle s’est construit pour chacun naturellement, selon ses atouts, son caractère… sa richesse. Cette richesse individuelle fait aussi la richesse de l’équipe par une forte complémentarité… chacun apporte quelque chose à l’autre, sans même s’en rendre compte.
Et, en prenant du recul pour écrire ces quelques lignes, je m’aperçois que cette notion de richesse humaine est bien passée puisque cette petite équipe dynamique vient de mettre en place au sein de l’agence un événement appelé « Nos talents ont une région ». Chaque personne de l’agence pouvait apporter une spécialité culinaire régionale et venir déguster celles des autres autour d’un moment de convivialité… Et le succès a été impressionnant ! ».
7. Quels sont vos projets pour la suite ?
1 : Faire vivre tout ce qu’on a mis en place, ce n’est d’ailleurs pas forcément le plus simple :
- Morning news : communication par département deux fois dans l’année
- Le midi des métiers
- Les déjeuners du président
- Le baromètre des australiens
- Les entretiens annuels
- etc. !
2 : Continuer d’impliquer le plus possible les managers et les Australiens, à travers des groupes de travail dans des projets comme ceux en cours : revue de la trame d’entretien annuel, faire vivre les valeurs de l’agence, culture du management chez Australie, qui sommes-nous…
3 : Formaliser et développer notre politique RSE.
4 : Poursuivre le déploiement de notre marque employeur pour que les Australiens prennent conscience de ce qu’ils ont, qu’ils soient fiers d’appartenir à cette agence et aussi pour attirer de nouveaux Australiens !
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Remerciements pour leur contribution à cet article : Alexandra Gaudin – Virginy de Martel – Flavie Simier – Delphine Richard – Delphine Abou – Manon Damelincourt.
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A propos d’Australie
Australie est une agence indépendante créée en 1984 par Vincent Leclabart. Elle met son expertise au service d’annonceurs tels que E.Leclerc, le CIC, l’Assurance Maladie, Sisley, Bonduelle, France 3, Petit Navire, Vrai…
Elue agence indépendante de l’année 2013, chaque année depuis plus de dix ans, Australie voit une de ses créations au moins figurer dans le Top 10 Ipsos des publicités préférées des Français.
Australie compte 120 collaborateurs.