Article mis à jour le 25/08/2022
Voici un article qu’il m’a plu de lire et me satisfait de mettre en avant, d’une part parce qu’il est question de minorités actives (sujet d’étude privilégie de la psychologie sociale) et de la comparaison hommes-femmes et d’autre part de la performance de l’entreprise, de ses pratiques de recrutement et de la nécessité de mettre en oeuvre une GPEC au niveau sociétal.
De quoi faire une nouvelle lecture des bilans sociaux des entreprises, n’est-ce pas ?
Pour introduire et illustrer ce qui suit, je n’ai donc pas résisté à l’envie de vous offrir ce dessin.
Interview de Michel Ferrary, professeur au CERAM-ESC Lille, publiée le 09/11/09 sur
Michel Ferrary: Dans les années 70, Rosabeth Kanter, professeur à Harvard, a défendu la thèse selon laquelle une minorité, en l’occurrence les femmes, doit atteindre 35% de l’effectif total pour que son influence soit perceptible sur une organisation. En deçà de ce niveau, la présence n’est qu’un prétexte et on ne peut mesurer son impact. Cette hypothèse n’avait jamais été vérifiée. Mais aujourd’hui la loi en France oblige les entreprises à publier des données sur leurs effectifs, ce qui m’a permis de lancer cette étude. J’ai donc recueilli ces données dans 42 entreprises, quasiment toutes celles du CAC40, exceptées deux ou trois, car cela n’a pas toujours été facile. J’ai comparé, entre 2002 et 2006, la croissance du chiffre d’affaires, la rentabilité, la productivité, la création d‘emploi et l‘évolution du cours de bourse de celles qui emploient moins de 35% de femmes cadres et de celles où il y a plus de 35%. Mon travail est statistique.
Capital.fr: Quelle est votre conclusion?
Michel Ferrary: Il existe une corrélation entre le nombre de femmes présentes dans l’entreprise et ses performances. Sur cette période, les résultats de Casino, qui emploie 35% de femmes sont, par exemple, meilleurs que ceux de Carrefour, où il y en a seulement 32%. Idem pour BNP (41,4%) par rapport à la Société Générale (38%), ou encore M6 (53%) qui fait mieux que TF1 (44,9%). Plus il y a de femmes plus la performance augmente.
Capital.fr: Comment expliquez-vous ces résultats?
Michel Ferrary: Il y a plusieurs arguments. Beaucoup d’études ont déjà démontré que la diversité est source de performance. Qu’il s’agisse de la présence de femmes, de seniors, de jeunes, des points de vue différents permettent de mieux comprendre le marché. Deuxième argument : plus on diversifie les cibles lors d’un recrutement, plus l’entreprise se donne la chance d’embaucher des talents. C’est mécanique.