Article mis à jour le 05/06/2023
Nathalie Boulard est titulaire d’un Master en Psychologie Clinique à Paris V. Praticienne RH, elle intègre en 2009 la première promotion du CIFFOP de Paris 2 Panthéon ASSAS et obtient en 2010 l’Exécutive Master 2 de GRH et relations du travail. Elle est spécialiste des Systèmes d’Information et des risques psychosociaux. Depuis 2010 elle est DRH du CASD de Paimpol.
1. Pouvez-vous vous présenter votre entreprise ?
Le Comité d’Aide et de Soins à Domicile de Paimpol que je dirige depuis Avril 2010 existe depuis Octobre 1976. Structure associative loi 1901, sans but lucratif nos objectifs sont les suivants :
Mettre en œuvre l’aide aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap et gérer les actions ou les services ayant pour objet le maintien à domicile.
- L’activité du CASD s’étend sur tout le canton, soit sur les communes : Paimpol, Ploubazlanec, Plourivo, Kerfot, Yvias, Plouézec, Brehat. Il est à ce jour le plus important comité des Côtes d’Armor tant par le nombre d’usagers pris en charge que par le nombre de salariés qui y travaille. 135 salariés interviennent au quotidien. Il est le troisième employeur du canton de Paimpol.
Nous proposons les services suivants :
- Aide au maintien à domicile soit en prestataire (tarifé par le Conseil Général des Cotes d’Armor, avec des prises en charge par diverses caisses et mutuelles), soit en mandataire (Service de Particuliers-employeurs. Le comité assure ces derniers dans le cadre de leurs démarches administratives et juridiques, le particulier restant l’employeur exclusif du salarié) .
- Un Service de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD). Le plus important des Côtes d’Armor avec 72 places, budgétisé par l’ARS (Agence Régionale de la Santé).
- Un service de garde itinérante de nuit par les aides soignantes et les auxiliaires de vie sociale (également tarifé par le Conseil Général des Côtes d’Armor) : de 20h à 23H, géré et organisé par les infirmières coordinatrices du SSIAD.
- Un service de portage de repas en liaison chaude (le fournisseur étant le Foyer logement de Paimpol) et froide (ici, c’est la cuisine centrale de l’hôpital de Paimpol qui en est le fournisseur exclusif) en cours de développement. A ce jour le comité assure la livraison de plus de 50 repas par jour. 7 Jours/7.
- Un service de télé-alarme.
- Un service de petits travaux de bricolage et de jardinage.
- Un service de petits travaux de couture.
L’association a reçu le renouvellement de son agrément simple et qualité de la Préfecture des Côtes-d’Armor le 1/01/2012 sous le N° R/010112/A/022/Q/059.
2. Quelles sont vos différentes activités professionnelles ?
Mes missions en tant que directrice sont les suivantes :
Membre du Comité de Direction, je suis chargée de conseiller mon président et mon Conseil d’Administration tant sur un plan juridique que budgétaire. Après délibérations et votes, ma responsabilité est d’appliquer la politique, les orientations choisies.
Mes missions sont également celles habituelles du DRH :
- Management et coordination d’équipes.
- Organisation de la politique RH.
- Suivi de tableaux de bord : contrôle de gestion social et financier.
- Réalisation des plans de formation, des évaluations, des recrutements / intégrations, de la gestion des carrières en général.
- Support auprès de l’équipe administrative RH.
- Animation des IRP en collaboration avec mon président : CE, CHSCT, DP, DS – 2 centrales syndicales représentées (CGT et CFTC), NAO, accords d’entreprise.
- Définition de la politique de communication interne et externe : site internet, News internes, relations presse, centres de formation, écoles, hôpitaux et autres services de santé, conseil général….
Mes missions complémentaires sont :
- Responsable de la gestion financière : réalisation des bilans d’activité de la structure et identification des axes d’évolution, réalisation des budgets prévisionnels.
- Réponse aux appels d’offres.
- Référent qualité : mise en place et suivi de la certification AFNOR 50-056X.
3. En quoi consiste selon vous l’exercice du métier de DRH (missions, enjeux, connaissances, compétences et aptitudes relationnelles requises) ?
Au-delà de toutes les formations existantes pour accéder à la fonction de DRH, il s’agit surtout d’avoir conscience qu’il faudra faire preuve d’une grande polyvalence sur quatre principaux axes :
1 : Le DRH « Strategic Partner », un acteur associé à la stratégie de l’entreprise avec les instances décisionnelles :
- Anticipation des besoins en compétences, tant qualitatifs que quantitatifs en accord avec les orientations stratégiques de développement de l’entreprise.
- Déclinaison de la stratégie RH à toute l’organisation ;
- Diagnostic de la performance de sa fonction. On lui demande ainsi d’être une source de profits, ce qui est nouveau dans sa fonction.
2 : Le DRH « Business Partner », un gestionnaire de talents :
- Il attire et recrute, évalue, rémunère et fidélise, forme et développe les compétences.
- Il facilite l’autonomie du manager sur les sujets RH, en l’assistant au quotidien, sur le terrain et en mettant à sa disposition des services adaptés à ses besoins spécifiques.
- Il accompagne l’évolution de l’organisation et conduit le changement.
3 : Le DRH « Human Partner », proche des salariés de l’entreprise :
- Il écoute.
- Il dialogue et partager avec l’ensemble des salariés les orientations de l’entreprise,
- Il doit être le garant des valeurs en assurant le respect des engagements pris par les instances décisionnelles. A ce stade, il surfe avec les techniques du marketing en considérant les salariés comme ses “clients” internes.
4 : Le DRH « Expert Administratif » :
- Il garantit le respect de l’ensemble des contraintes légales ;
- Il doit faire preuve d’une grande réactivité et d’analyse face au flux continu de règles et de jurisprudences.
5 : Le DRH : un gestionnaire des SI :
Pour l’épauler sur ces quatre principaux axes il doit savoir utiliser divers outils informatiques d’aide à la décision : SIRH, SaaS, Réseaux sociaux d’entreprise, outils d’E-learning…
Pour conclure, il doit savoir équilibrer ces différents points et être capable de s’adapter en permanence. Il est curieux, réactif, souple, pédagogue et savoir faire preuve d’autorité, de charisme, de leadership. Il est endurant, créatif, audacieux.
4. Dans votre contexte, quelles sont réflexions sur les évolutions du métier de DRH dont vous pourriez souhaiter nous faire part ?
Dans mon contexte le poste est nouveau. En 2006, pour les structures les plus importantes, les financeurs ont demandé et financé des postes de direction. Les enjeux tant humains et financiers ne permettaient plus de laisser les comités aux seules mains de bénévoles qui composent les Conseils d’Administration. Sans formation en droit social et comptable, ces derniers pouvaient se retrouver désemparés.
Mes homologues directeurs ont des formations Master 1 ou 2 de type CAFDES, REOS, CAFERUIS dont les principales compétences sont :
- Compétences générales :
- Conception et conduite de projet.
- Expertise technique du secteur sanitaire et social.
- Management d’équipe.
- Gestion administrative et budgétaire.
- Compétences transversales :
- Évaluation, développement de la qualité.
- Communication, gestion de partenariat.
L’organisation RH des comités d’aide et de soins à domicile a donc vécu un grand bouleversement. Cela a coïncidé aussi avec la volonté des politiques de lutter contre la précarisation des métiers de l’aide à domicile en imposant le respect du droit du travail, l’application de conventions collectives.
5. Pouvez-vous nous décrire une journée type dans le contexte de l’exercice de vos fonctions de Directrice des Ressources Humaines ?
- Mes journées commencent par saluer mes collaborateurs immédiats (infirmières coordinatrices, responsables de secteur, secrétaires, mon assistante RH et ma comptable). Je prends ensuite connaissance de mes nombreux emails, je les traite. Cela me prend un certain temps dans la matinée !
- Ensuite tous les jeudis matins une réunion avec mon équipe me permet d’être à leur écoute, de les informer des orientations, de définir avec eux les objectifs de chacun.
- Je suis souvent sollicitée pour participer à diverses réunions avec les financeurs, les fédérations du secteur, avec mes homologues directeurs, les OPCA… Je reste disponible pour mes intervenantes à domiciles, les usagers qui souhaitent être reçus en entretien.
- Je tiens à jours mes tableaux de bord. Mes salariés étant modulés et cela ayant un impact direct sur mes budgets, je dois rester en veille sur leur compteur temps de travail. Je m’informe quotidiennement de l’évolution de la loi. J’utilise pour cela les réseaux sociaux comme Tweeter, Facebook, Linkedin, Viadeo.
- Je prépare mes documents en prévision de réunions avec CHSCT, CE et DP.
- Je réfléchis à de nouvelles orientations, je m’informe et apprends en permanence.
En fait, je réalise une multitude de tâches par jour ! Le tout étant de gérer les priorités parmi toutes les autres priorités de la journée, de la semaine, du mois, de l’année.
6. Quelles sont vos priorités pour les 3 ans à venir qui vous permettront d’atteindre vos objectifs professionnels ?
Mes objectifs professionnels sont de me perfectionner toujours plus pour arriver au parfait équilibre sur les 4 axes vus plus haut. Passionnée par le droit du travail, il est fort probable que je reprenne une formation en droit au CIFFOP Paris 2 ASSAS. Je garde un excellent souvenir de l’Executive Master 2 en GRH et relations du travail que j’avais suivi en 2009. Une équipe pédagogique merveilleuse. Le DRH doit à mon avis rester vigilant quant à son niveau de formation, ses savoirs, ses compétences. Rester humble et ne pas hésiter à retourner sur les banc de l’école !
7. La GPEC est un concept qui vous évoque quoi ?
Pour répondre à cette question, je vous renvoie au dernier publié par Vincent Berthelot et moi sur RH info : « De la GPEC à la GRC« .
8. Quels conseils donneriez-vous à un jeune DRH pour lui partager votre expérience ?
Rester humble et apprendre, toujours apprendre, des autres, de ses salariés, de sa direction… Rester calme, savoir prendre du recul face aux responsabilités et à la masse d’informations qu’il faut traiter chaque jour. Savoir dire « je ne sais pas », « je n’ai pas la réponse là tout de suite »… Les médecins ont bien leur VIDAL sous la main en permanence, nous avons aussi le droit de ne pas connaitre tout notre code du travail. Savoir reconnaître ses limites, avoir consciences de ces défauts. Par exemple celui d’avoir les clés d’un certain « pouvoir » sur les autres ne doit pas nous autoriser à nous comporter en despote au sein de l’entreprise.